Dans nos têtes
Vous voulez avoir l’honneur de découvrir un brin de ce qui se passe dans la tête des jeunes contributeurs du Para et du LAP ? Ouvrez ce fanzine et laissez vous emportez ! Cette rencontre s’est inscrit en marge du projet erasmus+ « HYPE » (Health Youth Europe) où nous avons travailler sur la place de la santé mentale dans nos lieux. Le Parallèle a partagé au consortium européen un mode de coopération pour prendre en charge la santé des publics. Si vous souhaitez bénéficier de nos compétences en création de fanzine pour documenter vos projets : contactez nous ! Élodie – participante au projet – voulait vous dire un mot : « Cher partenaire, bien le bonjour ! » Je suis Élodie Roy, contributrice au tiers-lieu « Le Parallèle ». Aujourd’hui, j’ai envie de vous partager mon ressenti sur un projet autour de la santé mentale, parce qu’on m’a laissé libre de le faire à ma manière. Je vous invite à prendre place, à vous laisser porter par ces mots, ces points de vue qui m’appartiennent et résonneront peut-être en vous. Avec Scomodo, média indépendant basé à Rome, nous avons travaillé ces derniers mois à la réalisation d’un projet journalistique européen autour de la santé mentale des jeunes. Nous avons pris le temps, tous et toutes, de rédiger des témoignages, des fragments de notre quotidien, par le biais d’échanges et d’une trame que nous devions respecter.Ce travail d’écriture collective, rythmé par des discussions et des partages, m’a permis de comprendre ce que signifiait vraiment mettre des mots sur des vécus souvent tus. Nous avons mené ce travail avec plusieurs partenaires européens engagés : Coop Eskemm, Keur Eskemm, Valo-Valmennus (Finlande), Communa (Belgique) et Scomodo (Italie). Ce projet m’a profondément touchée. Les témoignages que nous avons recueillis sont bruts, sincères, parfois violents. Ils viennent de jeunes de 16 à 30 ans, à travers l’Europe. Ils parlent de mal-être, de solitude, de colère, mais aussi d’espoir. Ce qu’ils disent mérite d’être entendu. Ce que j’ai construit à travers cette expérience, c’est d’abord une vraie prise de conscience.En écoutant les autres, j’ai réalisé que leurs problèmes devaient être entendus.Ça m’a ouverte à d’autres réalités et m’a fait réfléchir autrement. À travers nos échanges, j’ai trouvé une autre façon d’envisager des solutions face aux difficultés que je peux rencontrer au quotidien.Par exemple, savoir vers qui me tourner et où aller, à travers des dispositifs, des contacts, des lieux de paroles ou d’échanges. On découvre qu’il y a des choses qu’on partage, d’autres qui nous différencient… et ça crée un vrai échange entre pairs, où chacun peut se reconnaître ou apprendre. J’ai surtout appris à écouter sans juger. Chaque histoire a son poids, sa force, et ça, c’est essentiel.Ça m’a aussi poussée à me poser des questions sur la manière dont la société parle de santé mentale… ou plutôt, sur le silence qui entoure encore trop ce sujet. Et puis, ça m’a donné envie d’agir, de contribuer à faire changer les choses. Que les solutions soient plus humaines, plus justes, plus adaptées.Je garde la conviction que le témoignage a un vrai pouvoir pour celles et ceux qui parlent, comme pour celles et ceux qui écoutent. À travers cette construction journalistique, j’ai appris à raconter un témoignage qui parle vraiment de moi. C’était la première fois que j’étais interviewée, et ça m’a donné l’impression d’être importante, d’avoir une voix. Savoir que ce témoignage serait rendu public m’a rassurée.Ça m’a permis de comprendre que ce que je vivais avait autant de valeur que ce qu’on lit ou entend d’ordinaire dans les médias. Cette expérience a été très enrichissante.J’ai appris, évolué, gagné des compétences dans un domaine » le journalisme « qui, souvent, n’est accessible qu’à travers des études spécifiques. Partager mon témoignage a été assez simple pour moi.Nous avons aussi créé des espaces de discussions collectives sur différents sujets.Ça m’a beaucoup aidée à parler de choses plus personnelles. Pour d’autres, ça a été plus difficile de retranscrire par écrit les émotions vécues.Parce que c’était aussi revivre ces moments.Mais c’est courageux. Un point que je ne considère pas comme négatif, mais plutôt évolutif, c’est que nous avons dû nous concentrer sur une thématique précise.Ça nous a demandé de canaliser nos récits, ce qui a parfois un peu freiné la spontanéité.Moi qui suis habituée à une grande liberté d’expression, notamment au sein du tiers-lieu Le Parallèle, j’ai ressenti cette contrainte comme une limite. Mais c’est aussi ça, le travail journalistique, nous ne pouvons pas tout dire, il faut choisir, cadrer, structurer, parfois restreindre pour construire un récit cohérent et accessible à celles et ceux qui vont le lire ou l’écouter. Ce genre de projet, porté dans un tiers-lieu ou dans toute structure humaine et ouverte, à une puissance immense.Il crée un espace de parole sincère, où chacun·e peut déposer quelque chose de vrai, sans être jugé. Pouvoir s’exprimer, quel que soit son âge ou son vécu, c’est un acte fort.C’est permettre aux jeunes d’oser, et aux anciens de transmettre.Ce que j’ai vécu ici, c’est la naissance d’un lien humain, vivant.Un lien qui traverse les fragilités, les colères, les espoirs et qui, surtout, donne du sens. En me mettant à la place de celles et ceux qui me liront, ce que j’aimerais, c’est que ce témoignage donne envie de créer, à leur tour, des espaces d’échanges, de lien, et de considération, sur plein de sujets différents. Des espaces qui comptent, qui pèsent, et qui peuvent vraiment faire évoluer notre quotidien, ensemble. C’est dans ce genre d’initiatives qu’on commence, petit à petit, à construire un avenir plus conscient, plus juste, plus attentif aux autres. Merci sincèrement d’avoir pris le temps de me lire jusqu’ici.Je vous invite à découvrir le magazine numérique qui rassemble tous ces témoignages.C’est une parole précieuse, à lire avec attention.Vous y trouverez autant de questionnements que de vérités… et, je l’espère, un peu d’écho. « Lien vers le magazine numérique » Bien à vous, Élodie Roy